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Clôture du Centenaire de l’Intronisation
Les religieux et les religieuses des Sacrés-Cœurs, les laïcs ss.cc, les familles de l’Intronisation et de « Prière au foyer », ont célébré, le dimanche de l’Epiphanie (6 janvier), à Picpus la clôture du Centenaire de l’Intronisation, sous la direction du Père Gabriel Phalip ss.cc (notre photo).
Le point culminant de ce Centenaire, fêté à travers le monde (Chili, Ile de La Réunion, Pologne…), a été le rassemblement de Paray Le Monial, le 30 juin et 1er juillet 2007, avec notamment, la conférence du Père Gabriel Phalip : « Il nous a aimés le premier… bâtissons la civilisation de l’Amour ! »
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Il nous a aimés le premier… bâtissons la civilisation de l’Amour
Le 30 juin et le 1er juillet 2007, nous avons célébré à Paray-le-Monial le Centenaire de l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles. A cette occasion, nous avons, bien sûr, évoqué et actualisé la figure du Père Mateo, religieux des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, qui eut l’intuition de "cette croisade", selon sa propre expression, à Paray-le-Monial, en août 1907.
En un demi-siècle d’un apostolat fulgurant, le P. Mateo suscita plusieurs millions d’Intronisations du Sacré-Cœur dans les familles, à travers le monde entier. Comment expliquer la réponse enthousiaste de tant de familles à son invitation? La réponse à cette question est sans doute la suivante. Le P. Mateo ne parlait que de l’Amour. Pour lui, l’Amour n’avait qu’un nom, Jésus. Pour lui, l’Amour n’avait qu’un symbole, le Cœur ouvert sur la Croix, le Sacré-Cœur de Jésus. Quand le P. Mateo parlait de la Croix, de la Foi, de l’Eglise; quand il parlait de l’Eucharistie, de l’Adoration, de la prière; quand il parlait du Sacerdoce, de l’Apostolat; quand il parlait de l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles; quand il parlait du Règne Social du Sacré-Cœur; Il parlait d’Amour. Quand il parlait, il parlait toujours d’Amour !
Comment aurions-nous pu célébrer le Centenaire de l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles sans parler d’Amour ? Si nous l’avions fait nous aurions été hors sujet. Et de quoi aurions-nous pu parler, en ce jubilé, si ce n’est de l’Amour? En effet, pour nous, religieux, religieuses, laïcs des Sacrés-Cœurs, amis du P. Mateo, membres de Cor Christi, familles intronisantes… pour nous, disciples du Christ, rassemblés à Paray-le Monial en ce week-end de jubilé, l’histoire des hommes est essentiellement une histoire d’Amour. Lue avec les lunettes de la foi chrétienne, l’histoire de l’humanité apparaît comme une aventure amoureuse entre Dieu et les hommes et des hommes entre eux. Oui, pour le chrétien, il s’agit bien de cela. L’essentiel est bien là: "Il nous a aimés le premier … bâtissons la civilisation de l’Amour".
Alors, à Paray-le-Monial, le 30 juin et le 1er juillet 2007, nous avons parlé d’Amour!
Au commencement…
L’Ecriture nous dit que Dieu regarda ce qu’il avait fait et trouva que cela était bon (Gn 1 13) et il continua son œuvre de création. Dieu fait surgir la vie pour qu’elle soit bonne, pour que le bonheur existe. Vouloir le bonheur de l’autre, des autres, c’est cela aimer. C’est donc l’Amour qui a poussé Dieu à créer, à appeler à la vie. Nous ne sommes pas les enfants du hasard, nous sommes les enfants de l’Amour.
Et Dieu fit l’homme à son image… (Gn I,27) Nous professons qu’il n’y a qu’un Dieu mais il y a plusieurs façons d’être un. On peut être un en étant seul, mais il y a une autre façon d’être un. On peut aussi être un en étant plusieurs très unis. Ne dit-on pas d’ailleurs de deux personnes très unies: "ces deux ne font vraiment qu’un". C’est de cette deuxième manière que Dieu est un, en étant plusieurs très unis. C’est ce que nous appelons le mystère de la Sainte Trinité, un seul Dieu en trois personnes: le Père, le fils, le Saint Esprit.
Je me souviens, il y a longtemps déjà, je m’étais rendu à Montauban accueillir quelqu’un à la gare. En attendant l’arrivée du train, je marchais devant la gare et passais près d’un banc public où était assis un jeune homme. Il me salua et je le saluais à mon tour. La conversation s’engagea. Il me dit qu’il était un étudiant marocain en vacances en France. Il me demanda si j’étais chrétien, précisant qu’il était musulman. "Vous les chrétiens, vous croyez qu’il y a plusieurs Dieux…" me dit-il, au bout d’un moment. Je lui répondis que non, que nous croyons en un Dieu unique. "Pourtant, objecta-t-il, vous dites qu’il y a le Père, le Fils et l’Esprit". Après un moment d’hésitation, je lui répondis que nous, les chrétiens, quand nous parlons du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous ne comptons pas, nous ne faisons pas des mathématiques… nous parlons d’Amour. En arithmétique 1+1+1 égale 3 mais en amour 1+1+1 égale 1 car l’Amour fait l’unité. Je ne sais pas ce que valut ma réponse pour lui. Le train arriva et nous nous séparâmes.
Ainsi donc quand Dieu fait l’homme à son image, il le fait pour la relation, pour l’unité, fruit de la différence assumée dans l’Amour. Il le fait pour aimer. Il le fait par Amour et pour l’Amour. "Il n’est pas bon que l’homme soit seul", dit Dieu (Gn II,18). Il est impossible d’être heureux seul parce que seul on ne peut pas aimer. Etre heureux, c’est rendre heureux. Etre heureux, c’est être heureux ensemble.
Je me souviens lorsque j’étais enfant. Le curé de la paroisse qui nous faisait une heure de catéchisme chaque jour, nous dit au cours de l’une de ses explications que le bonheur était une graine très spéciale. Pour que cette graine pousse dans notre jardin, il faut la semer dans le jardin du voisin, nous disait-il. Cela fit rire les petits paysans que nous étions. Mais en grandissant je compris que cela voulait dire qu’être heureux, c’est rendre heureux.
"J’éprouve ici un étrange bonheur" disait le Père Damien de Molokaï depuis son île où il avait voulu partager à jamais le sort des infortunés lépreux qu’on y avait enfermés. Son "étrange bonheur" n’était-il pas de travailler au bonheur de ceux que le malheur avait frappés ?
On pourrait multiplier les exemples…
L’Amour brisé
Nous disions donc que, dès le début, selon l’Ecriture, trois lumières se sont allumées pour éclairer à jamais la route des hommes. Trois mots, trois réalités se sont mis à scintiller: la vie, le bonheur, l’amour. La vie comme un chantier qui nous est offert. Le bonheur comme une maison à construire sur le chantier. L’amour comme le matériau de première nécessité pour mener à bien cette construction. La vie n’est plus la vie si, de quelque manière, elle n’a pas le goût du bonheur. Et il n’y a pas de bonheur sans Amour. Vie, Bonheur et Amour sont indissociables.
Or, il y eut un jour un "court-circuit". Un court-circuit au niveau de l’Amour. Alors, tout s’éteignit, les ténèbres envahirent le monde. C’est ce que nous appelons le péché originel. Ce dernier n’est pas en effet d’abord une question de fruit, de pomme volée. Il ne s’agit même pas d’une simple désobéissance. C’est bien plus grave. Le péché originel c’est un point d’interrogation au sujet de l’Amour. C’est le doute au sujet de l’Amour … un doute qui ne fut pas surmonté. Le péché originel, c’est Adam et Eve qui, après avoir écouté le serpent, se disent l’un à l’autre: "Et si c’était vrai que Dieu ne nous a pas créés par Amour mais par intérêt, par calcul, non pas pour avoir des fils à aimer mais des esclaves pour le servir." Le péché originel, c’est cette question tragique des hommes, toujours prête à se réveiller dans tous les temps et encore aujourd’hui: Si c’était vrai que nous ne sommes pas aimés? Si c’était vrai que l’Amour est une blague. Si c’était vrai que la puissance et la force sont plus efficaces que l’Amour pour bâtir le bonheur? Si c’était vrai qu’il est possible de prendre la place de Dieu? Rêve fou dans la nuit de l’homme! Si c’était vrai qu’il faut se révolter, se libérer de Dieu qui veut tout dominer en nous faisant peur?
Oui, le péché originel, c’est le doute installé, la foi perdue, la confiance ruinée. Le péché originel, c’est l’Amour mort, le bonheur disparu, la vie également. Car la vie sans le bonheur n’est plus la vie. Et il est impossible d’être heureux sans aimer. Mais pour aimer, il faut être aimé, et savoir et croire qu’on est aimé. Et Adam et Eve acceptèrent l’idée qu’ils n’étaient pas aimés. C’est bien cela le péché originel. Adam et Eve ne pouvaient plus aimer, ils ne pouvaient plus "bâtir la civilisation de l’Amour". La création est démolie, c’est la "décréation". Le plan de Dieu est mis en échec. "Dieu vit que cela était bon" et ça ne marche pas! Ça ne marche pas parce que l’Amour n’a pas été reconnu.
Le pardon et le temps des fiançailles
Que va-t-il se passer? Dieu va-t-il se venger? Voilà une autre question tragique, toujours présente dans le cœur de l’homme, toujours prête à se réveiller dans tous les temps et encore aujourd’hui. Dieu se venge t-il? La réponse à cette question est déterminante. Si Dieu se venge, il n’aime pas, il n’est pas Amour. C’est l’orgueil, quand il est blessé, qui soigne sa blessure avec la vengeance comme remède. Si Dieu se venge c’est que, lorsqu’il est blessé, il est touché dans son orgueil. Si Dieu est Amour, quand il est blessé, c’est l’Amour qui est blessé et l’Amour blessé ne soigne pas sa blessure avec la vengeance comme remède, mais avec comme remède le Pardon. Si Dieu est Amour, il ne se venge pas, il pardonne.
Et il y eut l’histoire de Noé et du Déluge (Gn VI,5) Avec le déluge, n’est-ce pas la vengeance de Dieu qui vient? N’est-ce pas le pire qui est en train d’arriver? On pourrait le croire mais c’est une erreur d’interprétation. Non, avec le déluge c’est Dieu qui sort. Il est déjà sorti de son silence pour prendre la Parole et appeler à la vie, au bonheur, à l’Amour. Avec Noé et le déluge, il sort de son Eternité pour entrer dans le temps, pour partager l’histoire des hommes. Il devient le Dieu de l’Alliance pour rétablir ce qui a été aboli, retisser les liens brisés. Dieu sort pour mieux se faire connaître, se révéler. Puisque le doute a surgi, il sort pour dire qu’il est Amour, donner la preuve qu’il n’a pas menti, comme l’a prétendu Satan. Au fond, Dieu dit à Noé : Faisons table rase, repartons à zéro, faisons un monde nouveau, refaisons la création, pour que ce soit bon de nouveau, pour que la vie rejaillisse, pour que le bonheur redevienne possible, pour que se lève un nouveau printemps de l’Amour.
Puis il y eut Abraham à qui, en somme, Dieu dit : Dis-moi que tu m’aimes, Abraham. Donne-moi ta foi. Prouve-moi ta confiance. Pas plus. Rien de plus. "Va, quitte ton pays, va vers le pays que je te montrerai…" (Gn XII,1) et nous referons le monde. Et je te le promets: tu auras une descendance (Gn XII,2), tu possèderas une terre. Je serai ton Dieu. Tous les amoureux font des promesses. Quelques uns les tiennent. Dieu tient parfaitement ses promesses parce qu’il aime parfaitement. Et Abraham accepta. Il partit, il offrira son fils. Il deviendra le Père de la Foi. Il part et sur la route, aux moments difficiles, il chantera. Il sera le premier sans doute à chanter: "Je mets mon espoir dans le Seigneur , je suis sûr de sa Parole";
Puis il y eut Moïse : Je te donne cette Loi, lui dit Dieu. A ton tour, donne-la à mon peuple qui est devenu infidèle et ne se rend pas compte de son infidélité. La Loi que Dieu donne à Moïse pour le peuple n’est pas pour remplacer l’Amour mais pour rendre l’Amour possible. La Loi pour baliser la route pour qu’elle reste la route de l’Amour et de la fidélité, la route où s’avancera le peuple choisi, en chantant, lui aussi, quelque chose comme "Ta Parole, Seigneur, est vérité et ta Loi délivrance".
Puis vinrent les Prophètes. "Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi!" (IS XXIX,13) diront-ils de la part de Dieu. C’est le Cœur de Dieu qui gémit parce qu’il ne rencontre plus le cœur de l’homme. Le peuple s’arrange pour être en règle avec la Loi, extérieurement, mais son cœur n’y est plus. "Ils me craignent mais ne m’aiment pas" pourrait dire Dieu. Alors il prend une décision radicale: "J’écrirai ma Loi au fond de leur cœur ». Le cœur devient la grande affaire. On sent qu’un grand évènement va se produire. On devine que quelque chose de décisif est tout proche. "Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau…" C’était, sans doute, le chant des prophètes.
Le temps des Noces: l’Alliance nouvelle
Noé, Abraham, Moïse, les Prophètes, ce que nous appelons l’Ancien Testament, ce fut le temps des fiançailles, le temps de la culture de la confiance, le temps de la reconstruction de la Foi. Au terme de ces fiançailles, Dieu sort de nouveau. Il est sorti de son silence pour prendre la Parole, il est sorti de son éternité pour entrer dans le temps et partager l’histoire des hommes, il va sortir maintenant de sa gloire pour entrer dans la condition humaine. Oui, Dieu s’est révélé comme celui qui sort. Et nous sommes à son image. C’est dire que notre vocation, c’est aussi de sortir. Sortir de nos habitudes, de nos médiocrités, de nos infidélités… Sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre des autres, de l’Autre. Au terme du temps des fiançailles, vient le temps des épousailles, le temps des noces. C’est l’époux qui sort pour aller à la rencontre de l’épouse. Le Fils de la famille divine vient pour épouser la fille de la famille humaine qui s’appellera l’Eglise. Les deux familles ne feront plus qu’une. Leur sort sera lié. Dieu noue son destin à celui de l’humanité. C’est cela notre salut. Dieu se fait homme pour que l’humanité soit divinisée.
Rappelons-nous. On demande à Jésus pourquoi ses disciples ne jeûnent pas comme ceux de Jean-Baptiste ou comme les Pharisiens (LUC V,33). Jésus répond que ses disciples ne peuvent pas jeûner car ils sont en pleines noces, l’Epoux est avec eux. Oui, le Fils de Dieu fait homme se présente comme l’époux venu pour les noces. Et les noces auront lieu dans l’Amour pleinement réalisé, dans l’Amour manifesté dans toute sa splendeur. Oui, l’époux donnera la preuve de cet Amour. Il dira la vérité au sujet de cet Amour. Rappelons-nous. Jésus est devant Pilate pour le jugement (JN XVIII,33) Pilate lui dit: "Alors, tu es le Roi des Juifs?", Jésus répond que son Royaume n’est pas de ce monde. Alors Pilate insiste: "Mais tu es Roi?", Jésus lui réplique: "C’est toi qui dis que je suis roi. Moi, je suis venu pour témoigner de la vérité". "Qu’est-ce que la vérité?" s’exclame Pilate. Il ne savait pas, Pilate, ce qu’est la Vérité. Et on le comprend! Mais nous, nous savons ce qu’est la Vérité, la première, la plus grande. La Vérité, c’est que Dieu nous aime. Jésus, c’est l’Amour de Dieu présent au monde. Jésus, c’est le Roi d’Amour comme le disait le P. Mateo. La vérité, c’est que Dieu est Amour.
Dieu est Amou!
Oui, Dieu est Amour ! Depuis le Christ nous ne pouvons plus en douter. Nous ne pouvons plus en douter car la Parole de Dieu s’est faite chair, Dieu s’est fait homme.
Lorsque j’étais aumônier à l’Ecole des Mines de Nancy, un soir, quelques étudiants chrétiens qui se réunissaient régulièrement, invitèrent à leur soirée d’échange un de leur collègue Juif. Ce dernier, après un temps de discussion fort intéressant, nous dit: "Vous, les Chrétiens, c’est dommage que vous croyiez que Dieu s’est fait homme. En disant cela, vous rabaissez Dieu, lui qui est si grand!" Il y eut un long temps de silence. Si long que je me décidai enfin à prendre la parole. Je dis à notre invité: "Mais, toi, tu crois à la Parole de Dieu?" – "Bien sûr! me répondit-il. Je continuai: "Tu crois que la Parole de Dieu est une Parole d’Amour?" – "Oui, je le crois!" me répondit-il. "Alors, lui dis-je, si la Parole de Dieu est une Parole d’Amour, il n’est pas étonnant que ça se soit terminé par ce que croient les Chrétiens, pas étonnant que cette Parole se soit faite chair. Car toute parole, si elle est Parole d’Amour, tôt ou tard elle se fait chair. Elle devient autre chose qu’une Parole!"
Le jeune étudiant juif fut-il convaincu par mes propos? Rien n’est moins sûr! Mais n’est-ce pas vrai? Toute parole si elle est parole d’Amour a vocation à se faire chair. Le "oui" des époux deviendra l’enfant qui naîtra. Les "je t’aime" finissent toujours par s’exprimer par des gestes d’Amour.
Il était une fois, dit-on, deux prêtres qui habitaient le même presbytère. Un soir de Noël, après la veillée, alors que dehors il fait nuit et très froid, quelqu’un frappe à la porte. L’un des deux prêtres ouvre. C’est un clochard qui demande quelque chose à manger. Le prêtre lui prépare un grand et savoureux sandwich, le lui remet en lui disant, prenant congé de lui: "Bon appétit et bonne nuit !" C’est alors que le prêtre entendit son collègue lui crier depuis la salle voisine: "Si tu veux qu’il passe une bonne nuit, invite-le à dormir au chaud, au presbytère, dehors il fait moins dix!" Le clochard dormit au presbytère. La formule de politesse "Bonne nuit!" était devenue une parole d’amour, elle s’était faite chair.
La Parole de Dieu, Parole de Création et d’Alliance est une Parole d’Amour parce qu’elle s’est faite chair. Ou plus exactement, la Parole de Dieu s’est faite chair parce qu’elle est Parole d’Amour. Dieu s’est fait homme, parce que Dieu est Amour.
Dieu est Amour… Depuis le Christ, nous ne pouvons plus en douter.
Nous ne pouvons plus en douter parce que la Parole faite chair, le Fils de Dieu fait homme, c’est l’Epoux qui rejoint l’Epouse là où elle est c’est-à-dire dans l’infidélité, dans le péché. "Où tu iras, j’irai…" c’est toujours le chant que l’amoureux adresse à l’être aimé. Il est venu jusque là où nous étions. Il est venu prendre notre place. Et cette place, nous ne voulons pas la lui donner. "Et Marie mit au monde son premier-né. Elle le coucha dans une crèche car il n’y °avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie" (LUC II,7) . La place est occupée. Elle n’est pas libre. L’Epoux n’est pas reconnu, il n’est pas accueilli. Mais qu’à cela ne tienne. L’Epoux est persévérant. Il est patient et imaginatif à la fois.
Je repense à ce jour où j’accompagnais un petit groupe de jeunes aux J.M.J. de St Jacques de Compostelle. Nous nous étions joints à un autre groupe plus important qu’accompagnait un autre prêtre. Ensemble, depuis Paris, nous roulions en autobus vers la frontière espagnole. A partir de là, nous devions faire de la marche à pied. Pendant le trajet en autobus, chacun était invité à prendre le micro et à partager les motivations qui l’avaient poussé à se rendre aux J.M.J. ou simplement, pour adresser quelques mots à ceux et celles qui seraient ses compagnons pendant quelques jours. Je fus également invité à prendre le micro. Je le fis et annonçai que j’allais chanter une chanson dans ma langue, la langue d’Oc. Je chantai "O Magali mo tant aimado…" de Mistral, le poète provençal. Quand j’eus fini, en chœur, les jeunes me demandèrent la traduction. Je m’exécutai. Il s’agit de Magali, la bien-aimée, qui s’éloigne toujours quand son amoureux s’approche. Mais ce dernier ne se décourage pas: Magali, si tu deviens l’oiseau dans les branches des arbres, je serai le chasseur et je te chasserai… si tu deviens le poisson dans les eaux de la mer, je serai le pécheur et je te pêcherai… si tu deviens le nuage dans le ciel, je serai le vent et je te poursuivrai… si tu deviens la fleur dans la prairie, je serai le papillon, je te caresserai… si tu deviens la goutte de rosée, je serai le soleil et je t’embrasserai… » A peine avais-je fini ma traduction, j’entendis, venant du fond du car, une voix qui, sans aucun doute, s’adressait à moi: "S’il vous plaît, pas d’incitation à la débauche!!!" Après un instant de profonde surprise, je repris la parole: Cette chanson n’est pas une incitation à la débauche, elle est un hymne à l’Amour, une catéchèse. Magali, c’est chacun d’entre nous, toujours prompt à nous dérober quand Dieu s’approche. Le jeune homme amoureux, c’est Dieu, toujours prêt à s’adapter à nos caprices et à nos infidélités, sans jamais renoncer à l’Amour qu’il nous porte… telle fut mon explication. Elle fut longuement applaudie par l’ensemble des passagers. Ces applaudissements, je dois le confesser, me firent éprouver quelques satisfactions.
Oui, Dieu ne renonce jamais à dire son Amour, à le prouver. Il ne renonce jamais jusqu’à ce que son Amour soit reconnu, reçu, accueilli. "Où tu iras, j’irai…" "Le Verbe s’est fait chair…"
Dieu est Amour…! Depuis le Christ, nous ne pouvons plus en douter. Nous ne pouvons plus en douter car l’Epoux a beaucoup demandé à l’Epouse qu’il a rejoint.
"Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi…" Luc XIV 26 "Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière ne peut pas être mon disciple…" Luc IX 62 "Laisse les morts enterrer les morts … toi, suis-moi …" Luc X 60 "Vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres puis, viens et suis-moi…" Mat XIX 21 "Celui qui veut sauver sa vie, la perdra…" Mat XVI 24-25 "Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive…"
L’Amour est exigeant. On manifeste parfois plus d’Amour en demandant qu’en donnant. On ne demande beaucoup qu’à ceux que l’on aime beaucoup. On hésite à demander un service à quelqu’un qu’on n’aime pas. Méfions-nous de ceux qui n’exigent rien de nous, ils ne nous aiment pas.
Je me souviens de cet adolescent qui disait: "Moi, mes parents me laissent tout faire. C’est bien. Mais on dirait que ça leur est égal ce que je fais. Parfois, je me demande s’ils m’aiment!"
Dieu est exigeant parce qu’il est Amour.
Dieu est Amour … Depuis le Christ, nous ne pouvons pas en douter.
Nous ne pouvons pas en douter parce que l’Epoux qui demande tant à l’Epouse, a tout donné et s’est donné lui-même pour elle. On peut tricher en donnant. On peut faire semblant. Mais on ne peut pas tricher en se donnant. Se donner, c’est le sommet de l’Amour, c’est la preuve numéro un de l’Amour.
Je me souviens, il y a déjà longtemps, de cet article paru dans la presse et relatant l’histoire de cette femme. Elle est enceinte. Durant sa grossesse, on lui annonce qu’elle est atteinte d’un cancer et qu’il faut commencer le traitement très rapidement. Il lui est précisé que ce traitement tuera très certainement l’enfant qu’elle porte en elle. Cette femme demande qu’on attende après l’accouchement pour commencer le traitement. Les docteurs lui font observer qu’il sera alors sans doute trop tard et lui demandent de réfléchir. Après réflexion, cette femme réitère sa demande qu’on attende après l’accouchement pour commencer le traitement. Elle accouche d’un joli petit garçon et le traitement commence. Hélas! C’était en effet trop tard. La femme mourut quelques mois plus tard. Mais avant de mourir, elle remit une lettre à sa sœur, lui demandant de la donner à son enfant quand il serait assez grand pour comprendre ce qu’elle lui avait écrit. Elle expliquait à son enfant, dans cette lettre, pourquoi il n’avait jamais connu sa maman. Le journaliste terminait son article en écrivant: "Vraiment, quelle belle preuve d’Amour!".
Oui, aimer c’est tout donner et se donner soi-même.
Le don par Amour du Christ, c’est la CROIX que le P. Mateo a tant prêchée. La Croix, c’est l’Alliance nouvelle. C’est la célébration des noces, scellées dans le sang de l’Epoux, véritable Agneau pascal.
La Croix, c’est la Création nouvelle, la "re-création". Le nouvel Adam est là. Du côté ouvert du 1er Adam endormi était née la première Eve (Gn II 21-22) qui introduisit le péché et la mort dans le monde. Du côté ouvert du 2ème Adam, l’Epoux endormi sur la croix, est née la nouvelle Eve (Jn 33-34), l’Epouse, l’Eglise que symbolisent l’eau et le sang, image des sacrements, coulant du Cœur transpercé. L’Arbre nouveau est là. La 1ère Eve s’était laissée aller à prendre le fruit défendu sur l’arbre du jardin d’Eden (Gn III 6). Le fruit et le geste de prendre malgré l’interdiction donnèrent la mort. L’arbre nouveau, c’est la croix. Ici, le fruit, c’est le Christ lui-même. Ici, point n’est besoin de prendre le fruit, il se donne. "Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne". Le don de l’Epoux est perpétué dans l’Eucharistie: "Ceci est mon corps…" (Mt XXVI 26) L’Eucharistie, c’est le rendez-vous fixé par l’Epoux à l’Epouse pour se donner l’un à l’autre jusqu’à la fin des temps, "Vous ferez ceci en mémoire de moi…" (I Cor XI 24). L’Eucharistie, c’est la nourriture pour l’Epouse jusqu’aux noces éternelles.
La Croix, l’Eucharistie, c’est l’Epoux qui se donne. Mais le don n’est un don que s’il est accueilli. Sur la Croix, l’Epoux pousse un cri: "J’ai soif!" (Jn XIX 28). Dieu déjà avait poussé un cri dans le jardin de la Genèse quand il cherchait le 1er Adam qui se cachait, la peur ayant chassé l’Amour en son cœur! "Adam!…Où es-tu" (Gn III 9). Ici, c’est le nouvel Adam lui-même qui crie. Il a soif. Soif de la réponse de l’Epouse qu’il désire ardemment pour que le don de son Amour ne soit pas vain. La réponse de l’Epouse, c’est la reconnaissance, l’accueil de l’Amour de l’Epoux qui se donne. La réponse de l’Epouse, c’est la contemplation de l’Amour de l’Epoux, la contemplation du Cœur ouvert. "Vraiment cet homme était le Fils de Dieu…" (Mc XV 39) "Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé…" (Jn XIX 37) La réponse de l’Epouse, c’est l’Adoration de la présence eucharistique de l’Epoux. La réponse de l’Epouse, c’est la Foi de l’Eglise que nous sommes. La réponse de l’Epouse, c’est de "croire à l’Amour". Dieu est Amour … depuis le Christ, nous ne pouvons pas en douter
Nous ne pouvons pas en douter car le Christ est ressuscité. La résurrection du Christ, c’est la Vérité qui éclate au grand jour. Dieu ne se venge pas! Il pardonne! Nous sommes sauvés! Dieu qui s’est révélé comme le Dieu qui sort, sort encore une fois. Mais, cette fois-ci, Dieu en son Fils fait homme, sort du tombeau, de la mort pour entrer dans la Vie éternelle et nous entraîne avec lui.
Seigneur Jésus, tout peut recommencer sur le chantier de la vie puisque tu es ressuscité … puisque tu m’aimes. Oui, puisque nous sommes aimés, nous pouvons aimer. C’est d’être aimé qui rend capable d’aimer. L’Amour donné entraîne l’Amour demandé et donné en retour. La contemplation de l’Amour de Dieu dans la Foi, entraîne la Charité dans la Vie. La vraie Foi engendre la vraie charité. La contemplation, c’est un préalable nécessaire. L’Epouse doit être admirative. Elle doit se savoir aimée … pour aimer à son tour, proclamer, célébrer et faire aimer l’Amour qui la fait vivre et la ravit. Pour bâtir la civilisation de l’Amour, il faut d’abord contempler l’Amour qui nous a aimés le premier. Troisème partie : L’intronisation du Sacré-Cœur dans les familles
L’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles, c’est avant tout la mission de contempler confiée à la famille. C’est la réponse de l’Epouse à l’Epoux qui a soif, confiée à la famille.
La famille, en effet, c’est la cellule de base de la société, c’est la première école de l’Amour. Et la famille chrétienne, c’est la cellule de base de l’Eglise. C’est le cœur de l’Epouse. La famille, lieu de transmission de la vie doit être habitée par l’Amour car, au commencement, la vie naquit de l’Amour. La vie est indissociable de l’Amour et réciproquement.
Mais aujourd’hui, la famille est souvent malmenée : composée, décomposée, recomposée…
On dira volontiers, à propos par exemple de l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles, que c’est trop tard… ou trop tôt… que ce n’est pas "le temps favorable"… Aujourd’hui les gens n’ont plus le temps, ils sont pressés, bousculés, tiraillés…C’est vrai! Et alors? Malmenée, la famille reste, semble-t-il, la grande espérance pour bâtir le bonheur.
Je me souviens de ce jour où je parlais de choses et d’autres avec un groupe d’adolescents. Je leur demandais sur quoi ils comptaient le plus pour que leur vie soit belle. L’un d’eux leva la main, lui seul. Je le connaissais bien. Sa vie familiale était particulièrement perturbée et douloureuse. Il prit la parole et dit: "Moi, c’est sur la famille que je compte le plus…!" Il se fit un grand silence.
Jésus qui a beaucoup pratiqué "la pastorale" de la famille, de la table, a entendu lui-même ces objections: trop tôt… trop tard… pas le temps…! Jésus qui, se trouvait en Galilée, arrive à Béthanie. On lui a fait savoir que Lazare, son ami, est très malade. Quand Jésus arrive, Lazare est déjà mort. Marthe et Marie, les sœurs du défunt dirent à Jésus: "Si tu avais été là, notre frère ne serait pas mort…" (Jn XI 21) mais maintenant c’est trop tard, pensent-t-elles!
Au moment de prendre la route vers Jérusalem pour aller à Béthanie, les disciples avaient dit à Jésus: Seigneur, ce n’est pas le moment d’aller à Jérusalem. Là-bas, on veut te faire mourir. Il faut attendre. Trop tard … trop tôt …Pas le bon moment …! Et pourtant, Lazare fut délivré des liens qui le tenaient enfermé dans la mort. (Jn XI 44)
Jésus se rendait chez Jaïr pour guérir sa fille très malade. En route, dans la foule, une femme souffrant depuis longtemps de pertes de sang touche le manteau de Jésus! Un dialogue, une discussion même, s’engage entre Jésus, la femme et les disciples … la femme est guérie! Mais tout cela a pris un peu de temps, de ce temps si précieux pour Jaïr qui accompagne Jésus pour le conduire chez lui où sa petite fille se meurt. Le pire arrive. Des serviteurs de Jaïr se présentent et préviennent leur maître qu’il n’est plus nécessaire de déranger le Seigneur car la petite fille vient de mourir … C’est trop tard …! Et pourtant la petite fille fut ramenée à la vie. (Mc V 22)
J’ai connu une mère de famille qui, disait-elle, ne priait plus depuis longtemps parce qu’elle n’avait pas le temps. Un jour, son garçon recueillit un jeune chien abandonné et insista tant que la maman accepta de garder le chiot à la maison. Chaque jour, pendant que son fils était à l’école, la maman donnait à manger au chien et prenait soin de lui. Au bout de quelques semaines, d’elle-même, cette mère de famille fit part de sa réflexion: "C’est incroyable, je ne trouve pas de temps pour Dieu et j’en trouve pour le chien! Je crois que je devrais revoir ma position".
Trop tôt… trop tard…! Ce n’est pas sûr car Dieu transforme ceux qu’il visite et appelle. Dans l’Ecriture, ils sont nombreux les exemples qui illustrent cela. Il en va de même pour l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles. Oui, l’Intronisation est, sans doute, un honneur pour la famille intronisante. Est-ce une récompense pour bonnes familles? L’Intronisation du Sacré-Cœur est surtout un moyen de conversion, un appel au changement.
Le P. Mateo disait à propos du discernement sur l’opportunité de l’Intronisartion du Sacré-Cœur dans une famille: "Faut-il avant tout se demander si la famille en est digne?..." Bonne question! En effet, Zachée était-il digne? la famille de Béthanie était-elle digne ? Simon le Pharisien était-il digne? Les disciples sur la route d’Emmaüs, écrasés par le découragement, étaient-ils dignes? Et le centurion qui se reconnaissait lui-même indigne, Jésus ne guérit-il pas son serviteur? Jésus donne la priorité aux pauvres, aux petits, aux pécheurs pour les appeler à la conversion, pour opérer en eux une guérison, une transformation. L’Intronisation, ce n’est pas une décoration pour familles méritantes. C’est le Christ qui va à la rencontre des familles telles qu’elles sont et les appelle à se transformer. L’Intronisation, c’est l’Epoux qui retrouve sa place auprès du cœur de l’Epouse, "sa place d’honneur" comme disait le P. Mateo. L’Intronisation, c’est le cœur de l’Epouse qui accueille le Cœur de l’Epoux. L’Intronisation, c’est l’Epouse qui, découvrant de façon renouvelée qu’elle est aimée, aimera mieux à son tour et fera connaître Celui qu’elle aime.
La famille intronisante fera connaître "Le Roi d’Amour" d’abord à ses membres.
J’ai entendu un jour le P. Aimé DUVAL, ce Jésuite chanteur, raconter comment il avait appris à connaître Dieu et à l’aimer dans sa famille en regardant prier ses parents, alors qu’il était encore enfant .Il disait à peu près ceci "Quand je voyais mon père, disait-il, après une rude journée de travail, se mettre à genoux pour prier, je me disais que Dieu doit être bien grand pour que mon père qui était si fort se mette à genoux pour lui parler. Et quand je voyais, poursuivait-il, ma mère en tenue de travail, debout, un enfant dans les bras, se joindre à la prière de mon père, je me disais que Dieu qui est si grand doit aussi être bien bon pour que ma mère lui parle debout, en tenue de travail, un enfant dans ses bras".
C’est peut-être quelque chose comme cela l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles. La famille intronisante fera aussi connaître "Le Roi d’Amour " au-delà de ses frontières, sur les chemins et les chantiers de la vie. Et de famille en famille, de proche en proche, c’est la société toute entière qui retrouvera le chemin de l’Amour. C’est cela, sans doute, la spiritualité de la Réparation. C’est cela, sans doute, le "Règne Social du Sacré-Cœur", cher au P. Mateo. C’est cela, sans doute, la civilisation de l’Amour en construction.
Dites ! Si c’était vrai qu’il n’y a pas de bonheur sans Amour? Si c’était vrai que s’il manque l’Amour, il manque l’essentiel? Si c’était vrai que nous sommes les enfants de l’Amour et non pas du hasard? Si c’était vrai que nous pouvons aimer parce que nous sommes aimés? Si c’était vrai qu’être heureux, c’est rendre heureux? Si c’était vrai que la civilisation de l’Amour est possible à construire? Si c’était vrai que l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles reste une belle façon d’accueillir l’Amour de Dieu qui nous visite, de le contempler, de le vivre, de l’annoncer?
Dites, si c’était vrai que si on aime, on ne meurt pas?
On ne meurt pas ?
Non, si on aime on ne meurt pas car mourir n’est pas cesser de vivre, mourir c’est cesser d’aimer.
P. Gabriel PHALIP, sscc.
Donné à Paray-le-Monial, le 1er juillet 2007, en la Célébration du Centenaire de l’Intronisation du Sacré-Cœur dans les familles.
Noël à la Grand Maison
24 décembre 2007: "Le Christ va, de sa lumière, faire reculer toutes nos nuits! Le peuple que nous sommes va voir se lever une grande lumière !"
Dès le début de l’après-midi, les résidents de la Grand’maison semblent déjà être habités par cette lumière. Une ambiance de joie parcourt les différents étages de la maison et chacun, bien avant l’heure, se prépare à vivre, à dix-sept heures, la célèbre "messe de minuit"!
Que de souvenirs reviennent en mémoire lorsque l’on atteint, non seulement les exploits des 80 ans dont parle l’Office du Temps Présent mais bien au-delà de la centaine! Voilà maintenant le cortège des fauteuils-roulants et des bras vigoureux soutenant la faiblesse! Tout ce monde avance vers la chapelle, enveloppé par la paisible harmonie du chant: Douce nuit, Sainte nuit !
Pour fêter la nuit de Dieu, chacun reçoit une petite lumière. Comme il est beau de contempler ces visages, habités par tant de souvenirs du passé, par tant de tendresses vécues et dont chacun est invité à se souvenir avant que toutes les lumières rassemblées en un seul brasier près de la Crèche nous invitent tous à une immense action de grâces: Tu es Dieu de Lumière, ô Dieu de ma joie!
25 décembre à l’heure des Vêpres
Une bonne et fraternelle rencontre communautaire agrémente le début de l’après-midi, puis avec Jeanne Cadiou, toute la communauté se retrouve maintenant dans l’Oratoire des Fondateurs, non seulement pour elle-même, mais pour tous les frères et sœurs sscc de par le monde! Ensemble, aujourd’hui, à la suite de Henriette et de Pierre à Noël 1800, nous renouvelons notre consécration aux Cœurs de Jésus et de Marie pour que l’amour qui les a animés, brûle encore et toujours pour éteindre la violence du monde.
Nos vœux renouvelés, nous chantons les Vêpres de Noël et suit spontanément un long temps d’adoration silencieuse. Quel privilège d’être là, à Noël, nous dit Suzana Villarreal, l’une de nos sœurs péruviennes, venue d’Espagne où elle suit une année d’études à Madrid!
Dans la Grand’Maison, au point de jonction entre la Résidence et la partie historique, une très belle exposition "Les crèches du monde" réalisée par Jeanne Cadiou! Ainsi, il nous a été donné de puiser à la source dans l’Oratoire des fondateurs et de nous ouvrir à l’universel en contemplant l’expression d’une même foi dans des cultures bien différentes!
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